Résumé hebdomadaire des marchés

Les actions frôlent des sommets records, malgré le retour des droits de douane sur le devant de la scène
Principaux points à retenir :
- Les actions ont frôlé des sommets records cette semaine, grâce aux très bons rendements des secteurs de l’énergie et de l’industrie, qui ont compensé l’aversion pour le risque suscitée par les manchettes sur les droits de douane.
- De nouveaux droits de douane ont été annoncés cette semaine et concernent plus de 20 pays, la pause de 90 jours étant prolongée jusqu’au 1er août.
- La loi budgétaire (appelée One Big Beautiful Bill Act) a été adoptée le 4 juillet. Elle prolonge les dispositions de la Tax Cuts and Jobs Act de 2017 et introduit de nouveaux allégements fiscaux et de nouvelles réductions de dépenses.
- Au Canada, le nombre d’emplois a augmenté de 83 000 en juin, un résultat supérieur aux attentes qui a fait baisser le taux de chômage à 6,9 %.
La One Big Beautiful Bill Act a été promulguée
Le 4 juillet, la loi budgétaire surnommée One Big Beautiful Bill Act (« OBBBA ») a été promulguée. Elle prolonge plusieurs dispositions de la Tax Cuts and Jobs Act (« TCJA ») de 2017 et prévoit également des déductions fiscales pour les pourboires, les heures supplémentaires et la sécurité sociale, jusqu’à certaines limites. La déduction maximale autorisée pour les impôts régionaux et locaux (« State And Local Taxes », ou « SALT ») passe à 40 000 $, et est éliminée par paliers pour les personnes dont le revenu atteint ou dépasse 500 000 $ (lisez notre dernier article de la série Échos des marchés pour en savoir plus sur la loi budgétaire : Échos des marchés :Projet de loi fiscale fédérale américaine de 2025).
Les baisses d’impôt vont coûter cher au gouvernement américain, dont les recettes devraient baisser de 4 500 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie1. Les réductions des dépenses, notamment les exigences de travail et le resserrement de l’admissibilité pour bénéficier de Medicaid et de l’aide nutritionnelle (timbres alimentaires) ainsi que la fin de programmes de crédits d’impôt pour les énergies renouvelables, atteignent environ 1 200 milliards de dollars1. Par conséquent, le déficit public devrait augmenter de 3 300 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, comme le montre le graphique ci-dessous.

Ce graphique montre le déficit budgétaire prévu du gouvernement américain jusqu’en 2034.

Ce graphique montre le déficit budgétaire prévu du gouvernement américain jusqu’en 2034.
C’est surtout la prolongation des taux d’imposition actuels prévue par l’OBBBA qui a une incidence sur le budget, car cette mesure limite les avantages économiques supplémentaires. De plus, une grande partie des allégements fiscaux profitent aux ménages à revenu élevé, qui sont moins susceptibles de dépenser leur épargne, ce qui réduit davantage les effets stimulants. Toutefois, nous estimons que certaines dispositions, comme le rétablissement de l’amortissement accéléré de 100 % pour les « biens admissibles » (qui avait été abaissée à 40 % en 2025), devraient stimuler l’activité des sociétés et des petites entreprises. Combinés à la déréglementation, des facteurs favorables devraient, selon nous, soutenir une réaccélération de la croissance aux États-Unis en 2026 et 2027.
Les droits de douane sont de nouveau sur le devant de la scène
Alors que la suspension de 90 jours des droits de douane arrive à son terme le 9 juillet, Donald Trump a annoncé cette semaine de nouveaux droits de douane qui seront imposés à plus de 20 pays. Les taux tarifaires varient considérablement (de 20 % à 50 %2) et seront appliqués le 1er août, sauf si les pays concluent des accords commerciaux avant cette date. Les nouveaux taux sont comparables, en moyenne, à ceux annoncés le 2 avril. Certains sont plus élevés, tandis que d’autres sont plus faibles, ce qui laisse peut-être entrevoir une forme de souplesse dans certains cas. Le Brésil est un cas particulier, car les droits de douane qui lui sont imposés devraient passer de 10 % à 50 %, en raison notamment des procédures judiciaires engagées contre l’ancien président du pays, Jair Bolsonaro. Le Canada sera assujetti à des droits de douane de 35 %, comparativement à 25 % auparavant, mais les produits conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), qui représentent la grande majorité des échanges commerciaux, demeureront exemptés. La plupart des autres pays devraient être assujettis à des droits de douane de 15 % à 20 %.

Ce graphique compare les nouveaux taux tarifaires à ceux annoncés en avril.

Ce graphique compare les nouveaux taux tarifaires à ceux annoncés en avril.
Le 2 juillet, le Vietnam a conclu un accord commercial avec les États-Unis qui impose des droits de 20 % sur les produits importés provenant de ce pays, une baisse importante par rapport aux 46 % annoncés en avril. Le Royaume-Uni a déjà signé un accord commercial qui impose des droits de 10 % sur les exportations vers les États-Unis. Bien que le nombre d’accords déjà signés soit faible, il nous semble possible que de nouvelles ententes réduisant les taux tarifaires annoncés soient conclues.
Les droits de douane sont au cœur du programme de l’administration américaine, ce qui signifie qu’ils devraient sensiblement augmenter par rapport à leur moyenne de près de 2,3 % à la fin de 20243. Les droits de douane ont eu une incidence limitée sur l’inflation jusqu’à présent, car ils ont été en grande partie absorbés par la chaîne d’approvisionnement, notamment par les producteurs, les importateurs, les distributeurs et les détaillants, ou évités grâce à la constitution de stocks avant leur mise en œuvre. Bien que la mesure dans laquelle l’augmentation des coûts sera, à terme, répercutée sur les consommateurs soit incertaine, car la dynamique de la chaîne d’approvisionnement est complexe, nous nous attendons à ce que l’inflation augmente au cours des prochains mois. Les marges bénéficiaires ne sont probablement pas suffisantes dans la plupart des secteurs pour absorber les importants droits de douane proposés. Toutefois, selon nous, ces hausses de prix à court terme ne sont probablement pas une source d’inflation persistante à long terme. À notre avis, si des accords commerciaux sont conclus au cours des prochaines semaines et des prochains mois, cela devrait contribuer à atténuer davantage les tensions commerciales. De plus, nous sommes d’avis que toute possibilité d’abaisser les droits de douane devrait contribuer à contenir l’inflation et les risques pour la croissance aux États-Unis. Selon nous, de nouvelles avancées dans les négociations commerciales entre le Canada et les États-Unis seront également importantes pour dissiper davantage l’incertitude entourant les politiques, qui pèse sur l’activité économique canadienne, et atténuer les risques de ralentissement.
Les effets semblables à ceux d’une stagflation que pourraient entraîner les droits de douane (un ralentissement de la croissance conjugué à une hausse de l’inflation) placent la Réserve fédérale dans une situation délicate, car ils posent des risques pour ses deux mandats, à savoir le plein emploi et la stabilité des prix. Par conséquent, la banque centrale devrait rester sur la touche plus longtemps, le temps de mieux comprendre l’incidence des droits de douane sur l’inflation. Selon nous, même s’il ralentit, le marché de l’emploi est résilient, ce qui devrait permettre à la banque centrale de patienter un peu plus longtemps avant de reprendre les baisses de taux à l’automne. Comme le taux des fonds fédéraux est proche des 4,3 % et l’inflation des dépenses personnelles de consommation (mesure de l’inflation privilégiée par la Fed) est de 2,3 %4, la politique monétaire est probablement restrictive. Même si l’inflation demeure supérieure à la cible de 2 %, nous estimons que la Fed pourrait réduire les taux d’intérêt en 2026 probablement aux alentours de 3 % à 3,5 %, à mesure que l’inflation ralentira.
Comme le taux directeur de la Banque du Canada (BdC) se situe à 2,75 % et que l’IPC est inférieur à la cible de 2 %, nous pensons que la banque centrale pourrait réduire les taux d’intérêt au moins encore une fois, potentiellement cet automne. La baisse des taux de rendement met en évidence le risque de réinvestissement lié à la détention d’un trop grand volume de liquidités et de titres à revenu fixe à court terme.

Ce graphique montre la trajectoire du taux directeur de la Banque du Canada et du taux des fonds fédéraux de la Fed depuis 2024, ainsi que les prévisions jusqu’en 2027. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs.

Ce graphique montre la trajectoire du taux directeur de la Banque du Canada et du taux des fonds fédéraux de la Fed depuis 2024, ainsi que les prévisions jusqu’en 2027. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs.
Comment se positionner pour l’avenir?
Nous recommandons aux investisseurs d’utiliser la volatilité potentielle pour saisir des occasions. Nous privilégions les actions américaines, qui offrent une exposition à des segments du marché de qualité supérieure et plus cycliques, qui devraient profiter de la croissance américaine. Le très bon rendement des actions étrangères cette année souligne l’importance de maintenir des pondérations dans ces régions. Nous suggérons de sous-pondérer les actions canadiennes à grande capitalisation et les actions des pays développés étrangers à grande capitalisation, car les perspectives de croissance de ces marchés sont plus faibles et la politique commerciale pourrait leur nuire davantage, selon nous. Les actions canadiennes à grande capitalisation pourraient également être malmenées par la faiblesse potentielle du marché de l’habitation et par leur exposition plus importante aux produits de base comme le pétrole, qui a subi des pressions au cours des derniers mois.
Envisagez de sous-pondérer les obligations canadiennes de catégorie investissement, en partie car leurs taux de rendement sont plus faibles que ceux des obligations américaines, et que ceux des obligations internationales à rendement élevé, qui affichent historiquement des écarts de taux serrés. Pour ce qui est des obligations canadiennes de catégorie investissement, nous suggérons d’allonger la duration afin de bloquer les taux plus longtemps et de potentiellement profiter de la hausse des cours, car la BdC va probablement abaisser les taux encore une fois.
Comme les actions frôlent des sommets historiques, les marchés pourraient être volatils, car les données économiques pourraient s’affaiblir au cours des prochains mois et les tensions commerciales persister plus longtemps. Toutefois, à notre sens, le contexte fondamental demeure intact, et les replis peuvent être l’occasion d’investir à des prix plus intéressants ou d’opérer un rééquilibrage afin de maintenir la diversification.
Brian Therien, CFA
Stratégie de placement
Sources:
1. Congressional Budget Office.
2. Whitehouse.gov.
3. Yale Budget Lab.
4. FactSet.
Chiffres de clôture ci-dessous
Indice | Clôture | Semaine | CUM |
---|---|---|---|
TSX | 27,023 | 0.0% | 9.3% |
S&P 500 | 6,260 | -0.3% | 6.4% |
MSCI EAEO | 2,666 | 0.3% | 17.9% |
Oblig. canadiennes de cat. investissement | -0.1% | 0.5% | |
Taux des oblig. du gouv. du Canada à 10 ans | 3.48% | 0.1% | 0.2% |
Pétrole ($/baril) | 68.69 $ | 2.5% | -4.2% |
Taux de change $ CA/$ US | 0.73 $ | -0.6% | 5.0% |
Source: FactSet, au 11 juillet 2025. Les obligations sont représentées par l’indice Bloomberg Canada Aggregate Bond. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. * Rendement sur quatre jours se terminant jeudi.
La semaine à venir
Les données économiques importantes publiées cette semaine comprennent les expéditions manufacturières, l’inflation et les mises en chantier au Canada.

Brian Therien
Analyste principal, Stratégie de placement
CFA®
Brian Therien
Analyste principal, Stratégie de placement
CFA®
Renseignements importants
Sources: *FactSet et Edward Jones **Rapport national sur l’emploi d’ADP, en date du 30 août 2023