Résumé hebdomadaire des marchés
Au lendemain des élections : principales conséquences sur les marchés à surveiller
Points clés:
- Le résultat décisif des élections américaines a dissipé une source d’incertitude pour les marchés, les actions affichant leur meilleure remontée postélectorale jamais enregistrée. Les républicains ont un mandat solide, remportant la présidence, le Sénat et peut-être la Chambre des représentants. Même si les promesses électorales ne se traduisent pas toujours par des politiques, le changement dans l’équilibre des pouvoirs pourrait avoir des répercussions sur le marché.
- La probabilité de réductions d’impôt et de déréglementation pourrait stimuler davantage la croissance économique, ce qui soutiendrait les bénéfices des sociétés et la remontée des actions. Toutefois, les préoccupations à l’égard des tarifs douaniers et de la dette pourraient faire grimper les taux et exercer des pressions sur les obligations, ce qui ferait contrepoids. Le commerce sera au centre des préoccupations du Canada, mais il pourrait n’y avoir aucune répercussion importante avant la renégociation de l’ACEUM en 2026.
- La Réserve fédérale (Fed) a abaissé les taux d’intérêt pour la deuxième fois au cours du présent cycle et continue de considérer sa politique comme restrictive. Toutefois, la forte croissance et l’assouplissement possible de la politique budgétaire l’an prochain pourraient inciter la Fed à agir plus lentement, les marchés commençant à anticiper un cycle de réduction des taux moins prononcé.
- Les conditions fondamentales demeurent favorables. Nous voyons des occasions d’accroître la pondération des actions et d’immobiliser des taux obligataires élevés. À mesure que le contexte postélectoral évolue, il est essentiel de se recentrer sur les paramètres fondamentaux à long terme plutôt que de réagir uniquement aux récents changements politiques.
Même s’il y avait une réunion de la Fed au calendrier, il y a eu peu de débats sur ce qui a dominé les manchettes la semaine dernière. Après une longue campagne politique marquée par des revirements, les États-Unis sont parvenus à un résultat électoral décisif, et les marchés ont commencé à tenir compte des répercussions politiques potentielles.
Nous croyons que l’orientation finale du marché continuera d’être façonnée par les mêmes paramètres fondamentaux favorables qui ont alimenté 50 sommets records pour l’indice S&P 500 et 35 pour le TSX cette année seulement, les trois plus récents sommets aux États-Unis ayant été atteints après l’élection1. Même si les promesses électorales ne se traduisent pas toujours par des politiques et que tout changement prend du temps, le changement dans l’équilibre des pouvoirs pourrait avoir des conséquences. Comme pour la plupart des choses, il y a des avantages et des inconvénients. Voici les points à retenir :
Un résultat électoral décisif dissipe une source d’incertitude
Contrairement aux attentes d’une course serrée et à la possibilité d’un résultat incertain ou contesté, Donald Trump a obtenu une victoire décisive, regagnant la Maison-Blanche avec le contrôle républicain du Sénat. Bien que l’on attende toujours le dénouement concernant la Chambre des représentants, les résultats de plusieurs courses n’ayant pas encore été déterminés, les républicains se montrent confiants quant à leurs chances d’obtenir le contrôle, même si c’est par une faible marge.
À l’approche de l’élection, la volatilité des marchés boursiers et obligataires avait augmenté, suivant les tendances historiques observées durant les années électorales. Les résultats étant maintenant connus, l’incertitude entourant l’élection a été retirée de la liste des préoccupations des investisseurs. La volatilité s’est rapidement atténuée et les actions ont connu leur meilleure remontée postélectorale jamais enregistrée, l’indice S&P 500 progressant de 2,5 %1.
Nous tenons à souligner que les marchés ont tendance à réagir de façon excessive le lendemain des élections, et il ne serait pas surprenant qu’une partie de l’optimisme initial s’estompe au cours des prochains jours. Toutefois, l’histoire montre que de nouveaux gains sont souvent la norme. Depuis 1930, il y a eu 23 élections avant celle-ci et les actions ont progressé le lendemain dans neuf des cas. Dans tous les cas, l’indice S&P 500 était plus élevé 10 jours plus tard et était toujours élevé trois mois plus tard dans sept des cas2.
Toutefois, ce sont les données fondamentales sous-jacentes qui finissent par dicter l’orientation des marchés, et c’est pourquoi l’accent sera maintenant mis sur les prochains changements de politique.
Le graphique montre que l’indice S&P 500 a tendance à terminer en hausse au cours des mois suivant un rendement postélectoral positif. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. Un indice n’est pas géré et il est impossible d’y investir directement. Il ne vise pas à rendre compte du rendement d’un placement réel.
Le graphique montre que l’indice S&P 500 a tendance à terminer en hausse au cours des mois suivant un rendement postélectoral positif. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. Un indice n’est pas géré et il est impossible d’y investir directement. Il ne vise pas à rendre compte du rendement d’un placement réel.
Les avantages : les baisses d’impôt et la déréglementation pourraient stimuler la croissance
Les promesses électorales de Trump sur le plan économique étaient en bonne partie une prolongation des dispositions de la Tax Cuts and Jobs Act (TCJA) de 2017, qui cesseraient autrement de s’appliquer en 2026. En plus de prolonger les taux d’imposition des particuliers, une administration républicaine pourrait exercer des pressions pour réduire les taux d’imposition des sociétés, ce qui, combiné à des initiatives de déréglementation, pourrait raviver les dépenses des entreprises et stimuler la croissance économique. Cette stimulation potentielle se produirait à un moment où l’économie croît déjà à un rythme soutenu. Ce scénario serait avantageux pour les sociétés américaines, cycliques et à plus petite capitalisation, qui ont le plus bondi après l’élection. Le secteur des services financiers s’est démarqué, les banques régionales progressant de 10 % dans l’espoir de voir un allègement de la réglementation bancaire, une réduction des exigences en matière de capital et un contexte plus favorable aux fusions et acquisitions1.
Ce graphique montre les rendements de diverses catégories d’actif en date du 6 novembre 2024. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. Un indice n’est pas géré et il est impossible d’y investir directement. Il ne vise pas à rendre compte du rendement d’un placement réel.
Ce graphique montre les rendements de diverses catégories d’actif en date du 6 novembre 2024. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. Un indice n’est pas géré et il est impossible d’y investir directement. Il ne vise pas à rendre compte du rendement d’un placement réel.
Les inconvénients : les préoccupations à l’égard de l’inflation et de la dette pourraient faire grimper les taux
Le revers de la médaille de toute nouvelle initiative budgétaire est qu’elle serait assortie d’un coût. On estime que la prolongation des réductions d’impôt existantes à elle seule augmentera les déficits de près de 5 000 milliards de dollars jusqu’en 2034, ce qui augmentera la dette publique, qui représente actuellement environ 100 % du PIB3. Un nouveau bond de la dette, combiné à des tarifs douaniers et à une approche énergique en matière d’immigration, pourrait entraîner une hausse de l’inflation et des taux d’intérêt. Bien entendu, la menace des tarifs généraux pourrait constituer une tactique de négociation et, même s’ils sont mis en œuvre, leur effet pourrait ne pas se faire sentir en 2025. Le Canada pourrait être pris dans une guerre commerciale, mais l’administration Trump pourrait d’abord se concentrer sur des tarifs ciblés à titre de levier en prévision de l’examen de l’ACEUM, qui est prévu en 2026. De plus, toute incidence inflationniste pour le Canada sera probablement assez modeste pour ne pas faire en sorte que la Banque du Canada (BdC) reprenne les hausses de taux. Ces préoccupations et la possibilité d’une croissance économique plus rapide aux États-Unis se répercutent sur les obligations d’État, qui ont subi des pressions la semaine dernière, le taux des obligations du Trésor à 10 ans ayant bondi à un sommet inégalé depuis quatre mois avant de fléchir après la réunion de la Fed et la publication des données sur l’emploi au Canada1.
Ce graphique montre que les taux obligataires aux États-Unis et au Canada ont augmenté depuis la réduction des taux d’intérêt par la Fed en septembre.
Ce graphique montre que les taux obligataires aux États-Unis et au Canada ont augmenté depuis la réduction des taux d’intérêt par la Fed en septembre.
Partiellement éclipsée par l’élection, la Fed a abaissé les taux pour la deuxième fois au cours du présent cycle, portant son taux directeur à 4,5 %-4,75 %. Comme il a été souligné lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion, les décideurs ne réagiront à aucune proposition de politique effectuée durant la campagne tant qu’elle ne sera pas mise en œuvre, et le président Powell continue de croire que les taux d’intérêt actuels sont restrictifs. Toutefois, même si l’on prévoit toujours que les taux directeurs passeront graduellement à un niveau neutre, le raffermissement de l’économie et de l’inflation au cours des derniers mois donne à penser que les réductions de taux n’ont pas à s’effectuer de façon urgente. L’assouplissement de la politique budgétaire l’an prochain pourrait inciter la Fed à agir plus lentement qu’elle ne le ferait autrement. Cela se reflète maintenant sur le marché obligataire qui, après l’élection, anticipe un cycle de réduction des taux plus modeste, prévoyant trois autres baisses de taux d’ici la fin de l’année prochaine plutôt que six environ il y a un mois1. Comme l’écart entre le taux des fonds fédéraux et l’inflation demeure important, nous pensons qu’il est possible que les taux baissent davantage, mais peut-être dans une fourchette de 3,5 % à 4,0 %, plutôt que de 3,0 % à 3,5 % comme nous l’avions prévu.
Ce graphique montre que le nombre de réductions de taux d’intérêt de 0,25 % que les marchés prévoient pour la Réserve fédérale en 2025 a diminué au cours des derniers mois.
Ce graphique montre que le nombre de réductions de taux d’intérêt de 0,25 % que les marchés prévoient pour la Réserve fédérale en 2025 a diminué au cours des derniers mois.
Les données fondamentales positives procurent de la stabilité
À l’heure actuelle, on ne sait pas combien de propositions formulées durant la campagne pourraient donner lieu à de réelles politiques, dans quel délai ni quelle serait leur incidence. Toutefois, nous sommes assez convaincus que les conditions fondamentales qui dictent le rendement à long terme des marchés demeurent plus favorables que défavorables.
- L’économie a constamment défié les attentes d’une récession au cours des deux dernières années, progressant même à un rythme supérieur à la moyenne, grâce surtout à la robustesse des dépenses de consommation. Même si un ralentissement modéré est probable, plusieurs indicateurs demeurent solides, notamment la hausse des revenus, la stabilité de l’emploi, la santé financière des ménages et l’amélioration de la croissance des prêts.
- Les bénéfices des sociétés sont en hausse, ce qui soutient les perspectives favorables des actions. La croissance des bénéfices des sociétés de l’indice S&P 500 devrait s’accélérer, passant de 0,5 % en 2023 à 9 % cette année et à 14 % en 20251. Même si les prévisions pour l’an prochain sont peut-être un peu optimistes, la trajectoire haussière peut contribuer à soutenir le marché haussier, qui en est maintenant à sa troisième année.
- Les taux d’intérêt ont probablement atteint un sommet et baissent graduellement. La Fed abaisse les taux, non pas en réaction à un ralentissement économique, mais en raison de l’amélioration de l’inflation, ce qui maintient la probabilité d’un atterrissage en douceur.
Des occasions de marché permettent d’accroître la pondération des actions et d’immobiliser des taux obligataires élevés
À notre avis, le message éprouvé au fil du temps – ne laissez pas la politique influencer votre portefeuille – demeure vrai. Les grandes tendances économiques qui étaient en place avant l’élection devraient se poursuivre, et les investisseurs devraient éviter de changer leur stratégie ou la composition de leur portefeuille en raison de l’élection. Les sociétés américaines pourront s’adapter à différentes politiques, comme elles l’ont fait avec succès dans le passé, et les forces mondiales continueront d’exercer une influence démesurée.
Cela dit, la possibilité de réductions d’impôt (particuliers et sociétés) et de déréglementation pourrait constituer un autre facteur favorable à l’élargissement du peloton de tête du marché, qui a commencé à prendre forme depuis le début du troisième trimestre. Les placements axés sur la valeur et les secteurs cycliques, ainsi que les titres à petite et à moyenne capitalisation, ont été laissés pour compte depuis le début du marché haussier en octobre 2022 et ont une marge de manœuvre pour rattraper leur retard à mesure que la remontée s’étend au-delà des technologies. Nous considérons que notre surpondération des actions américaines à moyenne capitalisation et du secteur des produits industriels pourrait profiter d’une politique de croissance. Par ailleurs, les guerres commerciales, la menace des tarifs douaniers et la possibilité d’un raffermissement du dollar américain pourraient peser sur les actions des marchés développés étrangers, que nous sous-pondérons selon nos lignes directrices de répartition opportuniste de l’actif.
Pris isolément, les changements de politique potentiels semblent positifs pour les actions, mais négatifs pour les obligations. Le raz de marée probable des républicains pourrait ramener les préoccupations budgétaires au premier plan, en raison de l’augmentation des déficits et de la dette élevée. Toutefois, nous croyons que la récente hausse des taux obligataires offre une autre occasion de prolonger l’échéance des portefeuilles de titres à revenu fixe en prévision de la baisse des taux des placements en espèces. Comme nous l’avons mentionné, un rythme plus lent des réductions de taux par la Fed est possible si l’inflation se révèle persistante, mais nous croyons que les taux obligataires sont actuellement attrayants et qu’ils se situent dans la limite supérieure de leur fourchette potentielle. Un repositionnement dans des obligations à moyen et à long terme, s’il y a lieu, pourrait permettre d’immobiliser des taux élevés plus longtemps, car les taux des CPG continueront probablement de baisser parallèlement au taux directeur de la Fed et de la BdC.
Les perspectives à long terme
À mesure que le contexte postélectoral évolue aux États-Unis, il est essentiel de se recentrer sur les paramètres fondamentaux à long terme plutôt que de réagir uniquement aux récents changements politiques. L’histoire montre que les marchés s’adaptent au fil du temps, diverses catégories d’actif réagissant différemment aux changements de politique et d’humeur des investisseurs. Un portefeuille bien diversifié est positionné pour résister à un éventail de scénarios potentiels, ce qui aide les investisseurs à réaliser des progrès réguliers vers l’atteinte de leurs objectifs financiers.
Angelo Kourkafas, CFA
Stratège en placement
Source : 1. Bloomberg; 2. Morningstar et Edward Jones. 3. CBO
Sommaire des données à la fin de la semaine au Canada
Indice | Clôture | Semaine | CUM |
---|---|---|---|
TSX | 24,759 | 2.1% | 18.1% |
S&P 500 | 5,996 | 4.7% | 25.7% |
MSCI EAEO | 2,354 | 0.8% | 5.3% |
Oblig. canadiennes de cat. investissement | 0.8% | 3.4% | |
Taux des oblig. du gouv. Du Canada à 10 ans | 3.18% | -0.1% | 0.1% |
Pétrole ($/baril) | 70.41 $ | 1.3% | -1.7% |
Taux de change $ CA/$ US | 0.72 $ | 0.2% | -5.1% |
Source : FactSet, au 8 novembre 2024. Les obligations sont représentées par l’indice Bloomberg Canada Aggregate Bond. Les rendements passés ne sont pas garants des rendements futurs. * Rendement sur quatre jours se terminant jeudi.
La semaine à venir
Les données économiques importantes publiées cette semaine comprennent l’inflation selon l’IPC et les données sur les ventes au détail aux États-Unis.
Angelo Kourkafas
Angelo Kourkafas est responsable de l’analyse des conditions du marché, de l’évaluation des tendances économiques ainsi que de l’élaboration de stratégies de portefeuille et de recommandations qui aident les investisseurs à atteindre leurs objectifs financiers à long terme.
Il contribue aux rapports d’analyse sur l’actualité boursière d’Edward Jones et a été publié dans The Wall Street Journal, CNBC, le magazine FORTUNE, Marketwatch, U.S. News & World Report, The Observer et le Financial Post.
Il a obtenu un baccalauréat en administration des affaires (avec grande distinction) de l’Université d’économie et de commerce d’Athènes, en Grèce, et une maîtrise en administration des affaires avec spécialisation en finance et en investissement de l’Université d’État du Minnesota.
Renseignements importants
Sources : *FactSet et Edward Jones **Rapport national sur l’emploi d’ADP, en date du 30 août 2023